16 Mai 2010
Cette question, nous y avons tous, en principe, pensé un jour. Parfois c'est notre entourage, étonné par cette passion au mieux, affolé au pire, qui nous a forcé à y réfléchir...
Mais osons-nous y répondre avec franchise, lucidité et honnêteté ?
C'est ce que je me suis à nouveau demandé en lisant un des derniers posts d'un revenant de la blogosphère, Eric Larchevêque, qui dans son billet "Retour vers le futur" crache un peu dans la soupe, tout en annonçant la nouvelle orientation de sa vie, et de ses ambitions.
Attention, je ne connais pas du tout personnellement Eric. Ces écrits démontraient qu'il est homme intelligent, à l'évidence même. Intéressant donc. Ses résultats au poker prouvaient également que même si visiblement il n'avait ni le talent d'un Elky, ni la technique des plus gros grinders online, il était possible, en gérant son tapis au mieux, de se frayer un chemin vers les places payées de gros évènements live, voire même d'accrocher une superbe place finale (EPT) au nez et à la barbe des plus grands pros.
Autre particularité du personnage: c'est un entrepreneur, qui a d'ailleurs, sauf très grosse erreur de ma part, gagné pas mal d'argent avec un site internet "pour adultes", qu'il aurait revendu avec de gros bénéfices. Pourquoi pas, je n'y vois aucun motif honteux.
Ce préambule passé, son dernier billet nous prouve qu'il jouait au poker surtout pour gagner de l'argent. Sans réelle passion. Et si possible beaucoup. Chiffre évoqué dans les commentaires: 10 millions lui semble être la somme visée.
Il a de belles ambitions !
Je suis évidemment partagé. A la fois je trouve que les français ont généralement un rapport avec l'argent compliqué et pas vraiment logique (il leur faudrait un Président de la République sans le sou certainement, pour qu'il soit durablement populaire), mais je n'aime guère en principe ceux qui n'ont pour seul but de devenir riche, très riche.
Créer une entreprise, s'investir dans un projet: oui. J'ai moi-même créé mon propre petit business à partir de rien, et j'en vis depuis 20 ans. Avoir le talent et/ou la chance pour que l'entreprise rapporte beaucoup: toujours oui. Mais cela devrait être une conséquence heureuse d'un travail bien fait (et il faut un brin de chance, j'en suis certain, du type "au bon moment, au bon endroit").
Ne créer une entreprise, que dans le seul but de s'enrichir, je n'aime pas trop. Car les limites de l'éthique sont vite alors franchissables... De ma petite expérience dans le commerce, j'ai vu que certains domaines d'activité ont nettement plus de chances de rapporter gros (finance, immobilier). Et que c'est les COUPS, qui se font rapidement, sans véritable travail avec juste deux signatures, qui sont les plus rentables.
J'ai eu l'occasion de revendre l'emplacement d'une arcade par exemple. En 5 minutes, une affaire qui me laissait l'équivalant de deux années de salaires.
Mais avec un sentiment bizarre. Car j'étais persuadé que le repreneur allait se planter. Faire faillite rapidement. Ce qui s'est produit une année après...
Souvent les trop bonnes affaires, trop rapides, sentent mauvais. Alors qu'une vraie entreprise, qui tourne chaque jour, avec le plaisir de faire du bon boulot est vraiment à long terme plus gratifiante.
Bref, j'ai lu cet article d'Eric avec le vague sentiment d'avoir quelqu'un qui me faisait la morale, "ne perdez pas votre temps à jouer à ce jeu de cartes", mais qui avait comme argument si ce n'est principal, mais tout de même primordial, de ne pas pouvoir s'enrichir grâce à ce jeu. (Alors qu'il avait connu une belle réussite avec son site pour adultes, rappelons-nous, pas vraiment plus moral que le poker je pense...).
Petite critique, sans aucun jugement sur l'individu, très sympathique, honnête, et respectable. D'ailleurs j'aime bien en principe ceux qui osent affirmer sans pudeur leurs réelles ambitions. Nettement moins quand on fait la morale aux autres...
Ce billet a tout de même une grande qualité, et à ce titre je remercie Eric de m'avoir titillé. Car il nous demande de réfléchir à la question que l'on n'aime pas vraiment aborder de front:
Pourquoi jouons-nous au poker ?
Je prépare ma propre réponse, publiée dans un de mes prochains posts.
Mais je serais ravi que vous bloggers de poker, tout au moins ceux qui oseront affronter ce sujet, rédigiez une petite prose libre et non notée, sans jugement, en toute liberté. Ou de ressortir le billet en question s'il a été déjà publié par le passé.
Votre billet sera linké depuis mon blog (mais il faut m'avertir, hein...), et vous économiserez pas mal d'onéreuses séances chez votre psy !!
C'est toujours ça de gagné à défaut de devenir très riche un jour....