Chaotiquement parlant

19/02/2013 20:31

Ah! Je suis parti au bon moment pour une semaine de vacances dans le sud de la France. Pendant que j'étais au soleil à Menton, les autres genevois assistaient à un festival de neige, verglas et grisaille. Autant vous dire que vendre des vélos à cette période de l'année c'est un peu comme tenter de vendre des lasagnes 100% pure boeuf... C'est pas le bon timing. Il valait mieux faire un petit break requinquant.

Requinqué je le suis. Mieux: remotivé le petit Suisse! Et malgré une connection wifi gratuite qui fonctionnait (un miracle en vacances..), je n'ai pas craqué; zéro minute de poker online.

Hier soir, de retour dans mon home sweet home, j'ai tout de même relancé quelques tournois, mais sans grande conviction. Un ITM sur le plus cher, pour une soiré break-even, sans adrénaline.

Adrénaline? J'en ai eu vendredi soir lorsque faute de pouvoir être présent lors d'une soirée hockey alléchante, j'ai écouté le match à la radio en direct. Une partie complètement folle, certainement le match à Genève de l'année, avec une victoire en prolongation de mes favoris.

C'est une constante: cette année, quand je ne suis pas présent dans la patinoire (en tant que spectateur bien sûr!), mon équipe gagne. Chaque fois.

Au point de me demander s'il est possible que mon absence modifie réellement quelque chose... Pourquoi le petit battement d'une paire d'ailes de papillon à 6'000 km (effet papillon) aurait plus de conséquences que ma présence (négative il faut bien le dire) à 50 mètres des joueurs?

Devrais-je revendre mon abonnement en me sacrifiant sur l'autel du succès pour la fin de la saison?

Pour revenir au poker, comme vous le savez sans doute, la méthode du brassage des cartes est basé sur le RNG (randon number generator). Il faut imaginer en quelque sorte une énorme roue qui tourne avec les cartes non distribuées, et qui s'arrête au moment de la dernière action du dernier joueur à parler...

Autant le savoir pour ne pas râler chaque fois que la river amène "la carte miraculeuse mais zut on s'est couché à la turn". La lecture du sabot si elle est ridicule en live, est parfaitement inutile online!

Là aussi il peut y avoir un effet papillon... Un exemple: ma femme me demande son avis sur un truc totalement inutile (ce qui arrive souvent parfois). Je perds une demi-seconde à lui répondre que "je ne sais pas", la roue virtuelle tourne et au lieu du set floppé et du tapis adverse englouti (il a les as), je vais perdre une tonne avec mes 10 sur un baby flop...

Puis suite à ce mauvais coup, je sors 10 minutes plus tard sur un flip, au lieu de surfer sur un gros tapis et de gagner le tournoi... qualificatif pour les WSOP, pour finir par m'imposer dans le Main Event en devenant le nouveau Moneymaker Suisse.

Dans un autre scénario: je perds confiance, me broke et finit ma vie sous un pont après avoir divorcé, perdu mon boulot et toute confiance en moi.

Bon là je suis un peu sur des scénarios extrêmes (mais pas plus improbables que tous les scénarios possibles)!

Bref, il faudrait pouvoir mettre en équation toutes les variables de notre vie quotidienne, pour comprendre si de petites variations engendrent réellement de grosses conséquences (autrement dit il faudrait savoir si notre propre Histoire résulte d'un système d'équations chaotique ou pas?). Ce qui est à priori un peu compliqué à définir...

Pour finir ce billet, qui n'aura sans doute aucune conséquence ni sur votre vie, ni sur la mienne (cependant j'ai perdu du temps à l'écrire, et vous à le lire, donc on n'a pas fait ceci, ce qui aura comme implication cela, etc... on n'en sort plus): une petite citation de ... (qui va trouver sans l'ami Google?):

« À cause du clou, le fer fut perdu.
À cause du fer, le cheval fut perdu.
À cause du cheval, le cavalier fut perdu.
À cause du cavalier, le message fut perdu.
À cause du message, la bataille fut perdue.
À cause de la bataille, la guerre fut perdue.
À cause de la guerre, la liberté fut perdue.
Tout cela pour un simple clou. »